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Un pays peut rarement résoudre un problème à lui seul, affirme le nouveau vice-président du GAFI

Jeremy Weil, CPA, nouveau vice-président du Groupe d’action financière, est formel : pour combattre la criminalité financière, il faut une approche mondiale.

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Jeremy Weil à la tête d'une délégation canadienne au GAFILa récente nomination de Jeremy Weil témoigne de la vaste expérience qu’il a acquise dans la lutte contre la criminalité financière. (Image fournie)

Organisme mondial de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement des activités terroristes et de la prolifération, le Groupe d’action financière (GAFI) établit des normes internationales pour contrer ces activités illégales.

En juillet dernier, Jeremy Weil, CPA, a été nommé pour un mandat de deux ans à titre de vice-président de l’organisme. Sa nomination témoigne de la vaste expérience qu’il a acquise dans la lutte contre la criminalité financière, ainsi que de l’importance du Canada au sein du GAFI.

Jeremy Weil est actuellement directeur principal, Gouvernance et opérations des crimes financiers à la Direction de la politique du secteur financier du ministère des Finances (Finances Canada). Il avait travaillé auparavant à l’Agence du revenu du Canada en tant que conseiller principal auprès de l’administratrice du Fonds monétaire international (FMI) représentant le Canada, l’Irlande et les Caraïbes.

CPA Canada s’est entretenu avec lui de sa carrière et de son nouveau mandat au sein du GAFI, où il est le Canadien le plus haut placé.

CPA Canada : Félicitations pour votre nomination au titre de vice-président du GAFI. Comment votre travail au FMI vous a-t-il préparé à ce poste?
JEREMY WEIL (JW) : Au FMI, j’ai découvert que des politiques efficaces de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes (LBA/FAT) et la prolifération des armes étaient essentielles à l’intégrité du système financier international.

Mon travail au FMI m’a aussi amené à participer à la diplomatie et aux relations internationales, ce qui exige beaucoup de tact, de sensibilité aux valeurs culturelles d’autres pays et de l’aptitude à trouver un compromis lorsque des parties sont en désaccord. Ces compétences sont également essentielles au GAFI, dont le réseau mondial compte plus de 200 pays membres.

CPA Canada : Vous avez occupé divers postes de direction au sein de l’ARC et de Finances Canada. Comment ce travail vous a-t-il permis d’acquérir l’expérience nécessaire pour aborder votre poste de direction au GAFI?
JW : L’une de mes fonctions à l’ARC, par exemple, consistait à empêcher l’utilisation abusive d’organismes de bienfaisance ou sans but lucratif aux fins du financement d’activités terroristes. C’est là aussi un objectif important du GAFI.

À l’ARC et au ministère des Finances, j’ai aussi été amené à travailler étroitement avec d’autres ministères et organismes de l’administration fédérale. J’ai ainsi constaté l’importance de travailler en équipe et d’aborder les problèmes selon plusieurs points de vue différents.

Cette capacité d’envisager les nombreux aspects d’une question est un atout important en matière de multilatéralisme. Un pays peut rarement résoudre un problème à lui seul. Il faut un effort multilatéral pour s’attaquer à la criminalité transnationale organisée.

CPA Canada : Qu’est-ce qui vous a motivé à faire carrière dans la lutte contre la criminalité financière?
JW : J’ai observé les effets dévastateurs que la criminalité financière pouvait avoir sur les gens.

Lorsque l’occasion s’est présentée d’aider les Canadiens et les gens d’autres pays à combattre ces crimes — ou, mieux encore, à les prévenir —, je l’ai saisie, car j’y voyais une façon concrète de m’impliquer dans la vie des Canadiens et de la communauté internationale.

CPA Canada : Y a-t-il d’autres débouchés qui s’offrent aux personnes intéressées à faire carrière dans cette lutte?
JW : Des personnes de tous les milieux, dans les secteurs public et privé, peuvent exercer leurs compétences dans ce domaine. Et dans la perspective d’un cheminement de carrière, il ne manque pas d’organismes partenaires pour lesquels on peut travailler afin de se spécialiser dans ce domaine d’enquête.

Au Canada, par exemple, le ministère des Finances pilote le régime canadien de LBA/FAT. Il travaille étroitement avec divers ministères et organismes, dont le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), le ministère de la Justice, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Affaires mondiales Canada, Sécurité publique Canada et l’ARC, entre autres.

Toutes les institutions financières ont une fonction de LBA et un chef de la LBA. Les grands cabinets-conseils ont aussi une fonction consultative de LBA, et certaines entreprises de traçage d’actifs du secteur privé s’emploient à retrouver des avoirs volés et illicites.

CPA Canada : Sous la présidence actuelle de Raja Kuma, les priorités du GAFI sont les suivantes : renforcer le recouvrement des actifs; lutter contre le financement illicite de la cybercriminalité; accroître l'efficacité des mesures de lutte contre le blanchiment d'argent au niveau mondial; renforcer les partenariats du GAFI avec les organismes régionaux de type GAFI.
Comment l’apport d’un point de vue canadien au rôle de vice-président contribuera-t-il à l’atteinte de ces objectifs?

JW : Le Canada est un membre important du Groupe Asie-Pacifique sur le blanchiment d’argent, qui compte 40 autres pays. Nous sommes également un partenaire du Groupe d’action financière des Caraïbes. Les Caraïbes revêtent une très grande importance comme région stratégique et comme partenaire du Canada, et c’est celle avec laquelle j’ai travaillé le plus étroitement au FMI.

Lorsque j’ai fait part au président Kumar de mon intérêt pour le poste de vice-président, il était ravi que je puisse apporter au GAFI cette expérience antérieure acquise auprès des Caraïbes et de l’Amérique latine.

À l’échelle internationale, le Canada est reconnu pour son honnêteté et pour sa capacité de combler les écarts entre des points de vue opposés afin de trouver un terrain d’entente pour s’attaquer aux questions épineuses d’envergure mondiale.

CPA Canada : Quel est le rôle du vice-président du GAFI?
JW : Le vice-président est nommé par le président sur les conseils de son groupe directeur et avec l’approbation des membres du GAFI. Ce poste a pour fonction d’assister et de conseiller le président, de l’aider à gérer un très vaste mandat et à faire progresser ses priorités, tout en s’employant à en faire reconnaître la validité à l’échelle du réseau mondial.

CPA Canada : Selon vous, qu’est-ce que les CPA doivent savoir du GAFI et du rôle du Canada pour l’aider à combattre la criminalité financière?
JW : La comptabilité, l’audit, la comptabilité fiscale et la gouvernance d’entreprise s’inscrivent parfaitement dans le travail du GAFI. Les CPA doivent aussi comprendre le lien qui existe entre leur propre travail et les normes du GAFI.

Les recommandations du GAFI orientent la réglementation dans chaque pays membre. Le GAFI travaille de concert avec des agences et des organismes gouvernementaux, mais aussi, dans une grande mesure, avec le secteur privé. Comme il consulte ses membres au sujet de ses nouvelles normes et directives, les CPA de partout au Canada ont intérêt à se prononcer sur ces normes et à faire entendre leur voix à l’échelle de la profession.

Comme je l’ai déjà mentionné, le Canada est un intervenant important au sein du GAFI, et notre voix est respectée.

CPA Canada : Comment votre titre de CPA vous a-t-il préparé aux rôles de premier plan que vous avez occupés jusqu’ici?
JW : Mon titre m’a été utile à bien des égards. Par exemple, mon rôle de vice-président du GAFI consiste en partie à veiller à la saine gouvernance de l’institution. Le fait d’être CPA m’aide grandement à comprendre les saines pratiques de gestion et de gouvernance.

Et au FMI, grâce à mon titre de CPA, je maîtrisais les budgets et diverses stratégies d’entreprise.

Jeremy Weil assis en plein air avec sa familleJeremy Weil avec sa famille. (Image fournie)

CPA Canada : Vous avez mentionné publiquement combien vous tient à cœur votre rôle de père et de mari. Comment conciliez-vous le temps consacré à la famille avec les exigences de votre poste?
JW : Le mérite en revient surtout à mon épouse Ashleigh. Ensemble, nous avons trois fils : Ethan (12 ans), Sebastian (9 ans) et Isaac (5 ans).

Ashleigh occupe elle-même un poste exigeant à l’ARC, mais elle m’aide à concilier mon horaire de travail accaparant avec le loisir de passer du temps de qualité en famille. Elle est mon pilier. Sans son soutien, je ne crois pas que j’y arriverais.

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